Architecture

De nombreuses couches sédimentaires historiques se superposent ici. Mais cela n’explique pas toute la force que dégage ce lieu.

Posée entre ciel et terre, entre montagnes et plaine, la chapelle est en équilibre entre ombres et lumières. Tantôt chapelle, tantôt temple, elle oscille entre catholicisme et protestantisme. Succédant sans doute à d’autres cultes plus anciens.

Elle se fond dans le paysage, dont elle semble faire partie intégrante : minérale par ses matériaux, elle paraît presque organique par leurs tons, entre « savel » (sable local tirant sur le vert) et rousseur (grés).

Dominante – elle domine la vallée du Roubion – et dominée – quelque 1036 mètres sous l’imposante stature de la Montagne de Couspeau –  elle semble recueillie dans une posture d’humilité, sans se résoudre à se faire jamais oublier.

Selon l’angle sous lequel le spectateur se place, elle revêt tour à tour un habit de verdure, une tenue austère d’aridité, un écrin de falaises…

Désacralisée, elle semble n’en aspirer que mieux à l’universalité. Elle parvient jusqu’à nous en ayant conservé la trace de multiples influences, sans perdre son identité propre : celle d’un lieu à l’architecture harmonieuse, évidente au regard, presque familière. Celle d’un emplacement qui ne pourrait être ailleurs, pas même quelques mètres plus loin. Quant à son orientation, il suffit de passer quelques instants à l’intérieur en fin de journée pour s’en convaincre : elle n’est pas le fruit du hasard. Elle s’impose. Ici le cultuel, devenu culturel, rejoint le naturel, dans une rare unité.

La simplicité de l’édifice cache une richesse de symboles, qui conservent jusqu’à aujourd’hui une part de mystère : ici un oiseau picore une figue, là des spirales, partout une résonnance millénaire.

La chapelle capte la lumière, à l’extérieur comme à l’intérieur : elle joue désormais avec le labyrinthe, qui fait écho à la circonvolution des spirales, omniprésentes. L’oculus, circulaire également, se fait l’intermédiaire de ce dialogue qui précède le couchant. A l’intérieur aussi, les mosaïques répondent avec délicatesse aux tons chamarrés du parement extérieur. Le rythme est repris avec subtilité par les vitraux, frontière fragile entre le monde extérieur et le monde intérieur, entre ce qui est visible, et ce qui ne l’est pas. Aux symboles du passé s’ajoutent d’autres symboles, certains explicites, d’autres livrés à l’imagination.

Le lieu invite à la pause, au silence, à la réflexion. Rien n’y est tout à fait commencé. Rien n’y est tout à fait terminé.

Détails de l’architecture de la Chapelle

Présence romaine
Les murs extérieurs doivent leur polychromie aux grès et aux différents calcaires employés dans la construction, dont des calcaires coquilliers importés à l’époque romaine.

Présence carolingienne
Un oiseau picore une figue dans la sculpture en méplat au-dessus du portail d’entrée.

Onzième siècle
La poussée des voûtes est maintenue par des contreforts massifs : trois sur le mur Sud-Ouest, quatre sur le mur Nord-Est

Les murs
Lors de la construction au 11ème siècle, l’appareillage est très régulier. Après destruction partielle, les murs sont rebâtis avec moins de soin.

La cloche
Fondue en 1635, elle avait été donnée aux Clarisses de Romans par le Président du Parlement de Grenoble.

Orientation
A quelques degrés près, la Chapelle est orientée en direction du soleil levant au solstice d’hiver.

Emplacement
Construite sur le site d’une villa gallo-romaine, on peut penser qu’il y avait auparavant un lieu de culte plus ancien.

Plan
Figures géométriques et symboliques au Moyen-age, le carré, le rectangle et le cercle se retrouvent dans le plan de la chapelle. Un double carré pour la nef, rythmée par deux travées marquées par des arcs de décharge. Un grand arc triomphal permet d’accéder à une travée de choeur carrée. Le demi-cercle de l’abside en cul de four est également séparé du choeur par un arc plus petit. Les trois parties de la chapelle donnent une vision particulièrement harmonieuse du volume intérieur.

Les spirales pouvant symboliser la connaissance participent à la décoration intérieure.

Affirmation protestante
Une inscription rappelle que l’église a été transformée en temple en 1806.